Plusieurs commentaires ont été postés sur ce blog depuis sa création concernant les conditions de travail des instituteurs bilingues, et d'autres m'ont été transmis directement. Une question préalable se pose tout de même : pourquoi donc vouloir être professeur des écoles bilingues ? Quel est l'intérêt de ce métier ?
Sur ce sujet, voici le témoignage de deux instituteurs que j'ai rencontrés, l'une exerçant dans le privé, l'autre dans le public.
Témoignage 1 : "ce qui me plaît ? Travailler en breton. Le métier que je fais, je ne pourrais pas le faire en français uniquement. J'ai choisi le breton avant de choisir la profession. Ce qui me convient, c'est de travailler en deux langues. D'être institutrice aussi : voir les enfants progresser, apprendre à lire, et en CP on le voit bien. Quand j'arrive à l'école, je ne sais jamais comment va se passer la journée. Quand je prépare un cours, ça ne se passera jamais comme je l'ai prévu, je trouve ça bien. Les journées se suivent et ne se ressemblent pas."
Témoignage 2 : "C'est un beau métier, qui me passionne, sinon je ne le ferais pas. En arrivant le matin, le lien est très fort avec mes élèves : la langue apporte beaucoup dans la classe. Le métier devient très agréable, même s'il faut se battre tout le temps. On crée un nouveau monde. La langue induit une relation différente : les locuteurs sont plus proches les uns des autres que s'ils s'exprimaient en français, et c'est vrai aussi pour les élèves.
Il est très facile de créer une ambiance de groupe, familial, au sein de la classe. Les enfants ne sont pas différents des autres, ce sont les relations qui sont différentes. Écrire le texte d'une chanson en français et en breton, ce n'est pas la même chose. On a l'impression de découvrir un nouveau monde. Il est vrai que le français est tellement institutionnel. En breton, la relation à la norme n'est pas aussi forte qu'en français. Les images qui surgissent contribuent à l'animation de la classe. Une création collective avec l'instituteur transforme la relation aux élèves."
Que vous soyez vous-même professeur des écoles, parent d'élèves, étudiant ou simple citoyen, qu'en pensez-vous ? Les contraintes du métier sont-elles si fortes qu'on en oublierait presque l'intérêt qu'il présente ?
14 juin 2010
Professeur des écoles bilingues : témoignages
Commentaires sur Professeur des écoles bilingues : témoignages
- PedagogiezhIl me semble qu'il est important de ne pas oublier un des aspects du métier, de la fonction d'enseignant - bien sur pour nous le Breton est vital, indispensable même - mais l'aspect pédagogique l'est tout autant. C'est pourquoi j'ai lu tous les grands pédagogues : FREINET, MONTESSORI, STEINER et les autres... et que j'ai adhéré à la Liste ICEM (Freinet). Je ne voulais pas seulement enseigner en Breton, je voulais être un enseignant à part entière et appliquer des techniques pédagogiques, et chercher, comprendre, essayer, devenir, tâtonner... Jamais, je n'ai autant appris qu'avec les enfants.
- c'est pas simple !J'ai travaillé longtemps dans un des systèmes d'enseignement en breton, j'ai vu pas mal d'écoles et effectivement, il se pose un certain nombre d problèmes
-- L'enseignement du breton est trop scolaire, on vot trop souvent des enseignants sans aucun accent, voire sans prononciation correcte. Comme les 9/10 des parents ne sont pas bretonnants, tout le monde s'en fout un peu. Moi je trouve ça grave....
-- Une bonne partie des parents qui mettent leur gamins en bilingue ou diwan les y mettent pour des raisons qui n'ont pas grand chose à voir avec la langue. Que leurs enfants laparlent bien ou mal, ils s'en fichent. C'est aggravé par la propagande de certaines associations dde parents qui prétendent que les résultats des "bilingues " sont bien meilleurs que ceux des autres.Raconter ce genre d'âneries est irresponsable. Perso, j'ai toujours dit aux parents de mes classes que notre &cole n'était ni meilleure n i pire, mais elle était en breton
-- On commence à trouver des profs qui parlent français entre eux à l'école. Quelle crédibilité ont-ils ? - sanctuaire du breton ?au-sein de l'"institution" diwan j'ai pu entendre de telles remarques venant de certains parents :
- "ici pas de problèmes de violences, d'hyperinfluence de la mode, de classes surcharchées"
(autrement dit vive le petit sanctuaire, comme on l'a connu autrefois, la bonne vieille école etc..., pourtant les collèges diwan ne sont nullement épargnés par tout cela aujourd'hui : violences, brimades, incivilités, et plus...)
- "nos enfants parleront breton, c'est une évidence, ils reprendront le flambeau délaissé par la vieille génération" (ils s'émerveillent de voir leurs gamin de 3 ans déblatérer deux syllabes en breton et leurs ados échanger 2 ou 3 phrases en breton langue secrète avant qu'ils n'embrayent sur un parler ado qui leur est tout aussi incompréhensible)
- "cela m'insupporte de voir des parents parler breton entre eux quand les autres ne comprennent rien à-côté" (réellement entendu ! no comment)
- "div yezh ou dihun n'ont aucun droit à copier nos méthodes, d'ailleurs on pourrait déposer un brevet, du reste les résultats des écoles privées et publics sont mauvais en breton"
(propos émis par des gens qui ne parlent n'y n'apprennent la langue bien entendu, et qui ignorent que diwan s'est inspiré des méthodes françaises d'immersion linguistiques, y-compris lorsque ces dernières étaient mises en pratique au détriment du breton)
... à suivre ?
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